Tricoti tricotons

Monsieur le maire,

            Dans le cadre des « Coquettes Market » des vendredi de Die, j’ai été contactée par Chloé Marcel pour animer un atelier autour de la couture.

            Après mûre réflexion, j’aimerais proposer une activité créative autour du tricot qui permettra à chacun de participer selon ses moyens et ses envies.

            En effet, le tricot n’est plus réservé à nos grands-mères, ni aux coins de cheminée poussiéreux. C’est au contraire très « tendance ». On peut tricoter dans le métro, en rentrant du boulot, sur les bancs publics ou au bistrot.

Avec des moyens très simples, du fil et des aiguilles, la créativité est infinie. Il suffit d’un peu de bonne volonté pour s’y mettre.

            J’ai donc imaginé de faire participer le public à une œuvre collective : tricoter un pull pour  un arbre de la place de la République.

            Je n’ai rien inventé. Ce genre d’initiative a déjà été proposé avec succès un peu partout dans le monde depuis une dizaine d’années.

J’aimerais installer quelques chaises longues sous un parasol pour créer une ambiance conviviale et mettre à disposition mes compétences et le stock important de fils et aiguilles dont je dispose, augmenté de ce que je pourrai récupérer un peu partout dans mon réseau de tricoteuses.

Ce sera l’occasion pour chacun de découvrir ou de redécouvrir une activité vieille comme  le monde, mais aussi de faire ensemble, de participer à une œuvre collective. De tricoter du lien social...

C’est pourquoi je m’adresse à vous aujourd’hui pour vous demander l’autorisation d’habiller l’un des arbres de la place de la République. Il va sans dire que l’arbre sera respecté, choyé, dorloté, sous mon entière responsabilité.

Veuillez agréer, Monsieur le maire, mes chaleureuses salutations.

Marianne Godez

Non, désolée, ça ne se mange pas… mais ça se cultive. Le coton nécessite 25% des pesticides utilisés sur la planète pour seulement 2,4% de la Surface Agricole Utilisable. D’après l’OMS, cette culture est responsable de 22 000 morts par an. Et c’est une plante très gourmande en eau (plus de 50% de la production mondiale est irriguée).

Voilà quelques unes des raisons qui m’ont poussée à passer du costume de spectacle au vêtement bio.

Est-ce mon passé de costumière ou la transmission de ma mère prof d’histoire… toujours est-il que je suis sensible au passé colonial de la fibre de coton, même si elle revêt un label bio. Je lui préfère le chanvre, bien de chez nous. Car après tout, je mange bio, je mange local et j’ai envie de m’habiller local aussi. Ce n'est pas un doux rêve d'utopiste, c'était la réalité ici même il y a moins de cent ans.

Ajoute à cela que la plante a besoin de peu d’engrais, peu de pesticides, et ne nécessite qu’un arrosage modéré, pourquoi le coton tient-il une telle place (entre 50 et 70% de la production textile mondiale) ?

Elle s’est fait une réputation de rudesse qu’elle ne mérite pas : au temps des Médicis, on tissait des toiles de chanvre qui rivalisaient de finesse avec les soieries de Chine.

Elle est plus solide que le coton, plus absorbante, et elle protège mieux des UV. C’est vrai qu’elle est moins doudou. Mais la tyrannie du doudou, c’est une drogue qui coûte cher passé un certain âge…

Voilà quelques unes des raisons qui m’ont poussée à faire le choix des vêtements en chanvre. Si ça vous tente, vous pouvez toujours les fumer.